from Madame Bovary

Chapter XII

« Il s'était tant de fois entendu dire ces choses, qu'elles n'avaient pour lui rien d'original. Emma ressemblait à toutes les maîtresses ; et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l'éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la parité des expressions. Parce que des lèvres libertines ou vénales lui avaient murmuré des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement à la candeur de celles-là ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagérés cachant les affections médiocres ; comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l'exacte mesure de ses besoins, ne de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »

"He had heard these things so often, that by now they had lost all spice of originality. She was just like all the other mistresses he had had. As the charm of novelty slipped from her like a dress, he saw nothing but the naked horror of an eternal monotony of passion, always with the same face, always speaking the same words. This practiced seducer could see no difference in the sentiments concealed beneath a similarity of surface. Because wanton, mercenary lips had murmured similar protestations in his ear, he had no great belief in the sincerity of this, his latest conquest. Strip away the exaggerations of language, he thought, and there's nothing left but the same old mediocre emotions. As though the fulness of the heart does not sometimes overflow into the emptiest of metaphors. After all, no one can ever give the exact measure of his needs, of his thoughts, of his sorrows. Human language is like a cracked kettle on which we beat out tunes for bears to dance to, when all the time we are longing to move the stars to pity."

(English translation by Gerard Hopkins, 1949)